Mode masculine, de la veste au frac
Pendant les années 1840, les hommes portaient des redingotes étroites tombant à mi-mollet et des gilets à une ou trois rangées de boutons, se terminant souvent par deux pointes au niveau de la taille. Le mot est en fait la francisation de l’anglais « riding coat » ou « raining coat » (littéralement manteau pour monter à cheval ou manteau de pluie).
Pour les occasions plus formelles, un frac accompagnait un pantalon léger en journée; le soir, la queue-de-pie était de rigueur. Les chemises, à col bas, étaient faites de lin ou de coton. Comme la queue de pie, le frac se termine par des basques en pointe mais n’est pas court devant. C’est cette version qui a été très souvent utilisée par les gentlemen et dandys du XIXe siècle comme vêtement moins formel. Il était au départ un vêtement dédié aux loisirs, notamment à l’équitation. Le frac désigne également l’ensemble trois pièces composé d’une veste queue-de-pie, du pantalon et du gilet.
Les vêtements passent d’une mode ajustée à une mode flottante, présentée comme de la négligence dans la presse. Les vestes étaient à grandes basques et à larges revers, le gilet élégant et brodé. Le pantalon se portait ample et couvrant les trois-quarts du pied. Les souliers se portaient indifféremment avec ou sans guêtres.
Cravate et haut-forme
Une large cravate ou un foulard ainsi qu’un haut-de-forme étaient les principaux accessoires indispensables qui complétaient l’ensemble, mais d’autres accessoires sont caractéristiques de cette période parmi lesquels : lorgnon, binocle, canne, montre à gousset, boutons travaillés…
À partir de 1850, les hommes commencèrent à porter des chemises à cols hauts agrémentées de cravates nouées en nœud papillon. Les classes supérieures conservèrent leurs hauts-de-forme tandis que les classes moyennes adoptèrent le chapeau melon. La veste avait une coupe large et se portait avec une cravate blanche cachant jusqu’au col de la chemise. Le gilet était droit et discrètement orné aux boutons. Le pantalon peu large tombait droit sur une botte vernie. Le tout porté sous un petit manteau à larges manches ou une redingote courte.
La décennie suivante vit l’apparition de cravates larges nouées lâchement et retenues par une épingle. Les redingotes raccourcirent aux genoux et une veste à mi-cuisse les remplaça pour les occasions peu formelles. La personnalité la plus emblématique du style est sûrement Lincoln, dont le haut-de-forme est aujourd’hui si célèbre.
Au cours des années 1870, le costume trois-pièces se généralisa et le plastron fit son apparition. Fracs et vestes raccourcirent et le blazer se propagea comme tenue sportive et informelle. Le blazer devrait son origine à une inspection du navire HMS Blazer par la reine Victoria. Ces vestes auraient été spécialement créées pour sa venue et l’uniforme lui ayant plu, il fut reproduit sur d’autres navires. La tenue resta sobre mais gagna en ampleur. En ce qui concerne les accessoires, la cravate laisse place au nœud papillon mais le haut-de-forme est toujours de rigueur.
Pendant toute la période, les hommes portaient les cheveux courts et, souvent, la moustache, la barbe et des rouflaquettes. Les visages rasés ne réapparurent qu’à la fin des années 1880. Chez les hommes, c’est l’apparition du smoking (1886) qui révolutionna la mode tout en gardant un côté sobre voir strict au costume. Le smoking doit son nom à son usage initial de veste pratique dans les fumoirs. En effet, l’absence de basque (ou queue-de-pie) évitait les risques d’incendie et était plus appropriée pour s’asseoir aux tables de jeu. Son usage comme habit de soirée ne date elle que de la Seconde guerre mondiale. Son invention reviendrait aux tailleurs britanniques Henry Poole & Co pour Edward VII en 1860, mais c’est l’américain James Potter (il s’agit juste d’un homonyme du papa de Harry !) qui le popularisa en le portant au Tuxedo Park Country Club en 1886.
Comme souvent dans l’Histoire du costume, le vestiaire féminin évolue plus fréquemment et rapidement que celui des hommes. Leurs tenues sont le fruit d’une quête de beauté, d’élégance, de désirs à assouvir, alors que les hommes cherchent le fonctionnel. Il exprime une position sociale plutôt qu’une humeur personnelle. Les évolutions du costume masculin s’adaptent aux mutations sociales et culturelles. Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, je vous invite à lire mon article sur la mode masculine à la Belle Époque.
L’époque victorienne aujourd’hui
1. Au cinéma
De nombreux films se déroulent lors de cette période à l’histoire riche et à l’imagination foisonnante. Je vous invite à découvrir Victoria, les jeunes années (2009, avec Emily Blunt) ou dans le cinéma classique, la série Sissi (1955-1957 avec la sublime Romy Schneider) illustre l’histoire austro-hongroise alors que Autant en Emporte le Vent (1939 avec Vivien Leigh et Clark Gable) illustre la face américaine de la période avec la guerre de Sécession.
Dans un registre plus sombre vous pouvez découvrir les aventures d’Oliver Twist dans le Londres populaire. Il en existe de nombreuses adaptations dont celle de Polanski en 2005.
2. Le Steampunk
La fascination pour l’époque victorienne : ses innovations technologiques, sa culture et ses modes ont donné naissance au mouvement steampunk (littéralement punk à vapeur) au XXème siècle. A l’origine, cela consiste à combiner l’atmosphère industrielle du XIXème et une intrigue uchronique, le tout formant un mélange rétrofuturiste inédit. Comme ce mouvement littéraire a connu un grand succès dans les années 1980, il s’est vite étendu à d’autres formes : cinéma (Steamboy), jeux vidéos (Fallout, Bioshock…), jeux de rôle etc.
Mais aujourd’hui il peut recouvrir de nombreuses formes dès l’instant qu’il y a un décalage entre deux époques, quelles qu’elles soient (par exemple La Cité des Enfants perdus qui mélange l’époque contemporaine et une technologie rétrofuturiste).