Voici le portrait de celle qui chante faux d’après Jean Cocteau, mais qui explosait d’énergie et de gaieté. Mistinguett était et restera la reine du Music-hall des années folles. Personnage centrale d’une époque faite de paillettes et de plumes.
Portrait de la reine des années folles
De son vrai nom Jeanne Florentine Bourgeois, Mistinguett a poussé son premier cri en 1875, à Enghien les Bains. L’effigie des strasses et paillettes de ces temps est donc cette jeune fille issue d’une famille modeste avec un père travailleur journalier, Antoine Bourgeois, et une mère couturière, Jeanette Debray.
Ses parents voulant lui offrir le meilleur en l’inscrivant à divers cours pour réitérer son éducation, incluant dans le lot des cours de théâtre, de chant et de danse. La sélection des ses parents lui ouvre la voix. Le talent de Mistinguett a été repéré pour la première fois par Saint-Marcel. Cela s’est passé simplement dans un train allant à la capitale pour des cours de violon. Et de cette façon la Miss se retrouve sur les devant de la scène du Casino de Paris grâce à cette rencontre. Âgée seulement de 15 ans, Mistinguett débute sa carrière.
Un début d’artiste à Paris
A la recherche d’une identité, elle suivit au début de façon simple les lubies, manquant d’originalité, de ses employeurs. Avec une différence phonétique, ces derniers s’inspirent de l’opérette Miss Helyett, une tête d’affiche du moment. Elle est alors devenue la Miss Tinguette, qui fut une source d’inspiration, du responsable de revue au Casino de Paris, avec « Ô la Mistinguo, Ô la Mistinguette ! » pour l’air de La Vertinguette.
Mais la chanteuse se prévaut de son charisme et se distingue avec l’appellation, qu’elle portera jusqu’à sa tombe, Mistinguett. Comme elle le disait en 1912 dans un entretien : « (…) Mistinguett tout court, court comme mes cheveux. »
Avec ce nom de scène, elle enchaîne par la suite sa carrière. Avec le spectacle au Trianon Concert en 1894, sa chanson « Max, Ah c’que t’es rigolo », n’a pas eu le réel mérite attendu. Mais son succès ne se fait pas attendre, de chanteuse à actrice, Mistinguett a su conquérir le cœur du public. Manquant de performance vocale, elle a pallié ses compétences avec des pas de danse impressionnants, un soupçon de comédie et une mimique sans pareille. Sa distinction fait l’émoi du public et l’érige au rang des plus grandes vedettes datant.
Engagée à l’Eldorado, la future reine y a appris la maitrise de la scène, et y a perfectionné ses numéros. Elle arbore alors plusieurs étiquettes, celle d’une chanteuse comique, une gigolette, ou encore « la gommeuse épileptique ».
Apparition au Moulin rouge à Paris
Sa rencontre avec Jacques Charles constitue un tournant décisif. Son apparition dans la « Revue des femmes » avec ses débuts de performance au devant de la scène du Moulin Rouge forment un tremplin pour sa carrière.
Connue par tous, Mistinguett brave les échelons et entre dans la cour des grands avec des acteurs de renoms, notamment avec Max Dearly dans « La Valse chaloupée » et encore « La Valse renversante » avec Maurice Chevalier. Elle formera avec ce dernier un couple mythique, un couple vedette, surnommé « les danseurs obsédants ».
Au temps de guerre, le couple fut séparé. Maurice Chevalier appelé au front se retrouve prisonnier. Mistinguett parvient toutefois à le faire libérer en 1916 de part ses relations. En effet, c’est en écrivant au roi d’Espagne Alphonse XIII que son amant retrouve la liberté. En 1901, elle est installée à Montlignon, elle y accouche d’un petit garçon, Leopold Marcel Jean, qui n’est reconnu par son père qu’après deux ans.
Comédienne pour des films
Mistinguett fait son apparition sur les petits écrans avec le film L’Empreinte ou la Main rouge en 1908. N’étant que le début d’une longue liste, elle tourne d’innombrables films en collaboration avec des réalisateurs célèbres dont Georges Denola, Albert Capellani ou encore André Hugon.
Mistinguett jongle alors avec les tournages et les spectacles. En 1918, elle prend les rênes du Casino de Paris suite au départ de Gaby Deslys. D’opérettes en opérettes, de succès en succès, elle enchaîne Paris qui danse, Ça c’est Paris ou encore Paris qui Brille. Jusqu’en 1925, sa gloire n’a connu aucune limite car la chanteuse et actrice a même fait, en l’an 1923, l’ouverture du Copacabana Palace, à Rio de Janeiro. Durant cette époque sa carrière est épaulée, par l’expertise de Charles Gesmar, un affichiste. Ce dernier était très proche de la Miss et endossait un rôle de confident en concomitance au premier. Cette proximité lui prévaut l’appellation de « Maman ».
Ses belles gambettes forgent sa notoriété et la Miss se lance dans le chant avec des titres connus comme « Mon homme », ou encore «C’est vrai » et interprète aussi « Ça c’est Paris » de Jose Padilla. Ce n’est qu’en 1937 que son premier film parlant, Rogolboche, fut tourné à l’âge de 67 ans. Mistinguett incarne l’esprit de Paris, personnalité typique de la Parisienne, et fait concurrence à Joséphine Baker jusqu’en territoire américain. Avec une vie bien remplie, elle s’est éteinte à l’âge de 80 ans, en 1956, et est enterrée dans sa ville natale.