Un dramaturge majeur, entre classicisme et innovation
La production de Federico Garcia Lorca (1898-1938), dramaturge espagnol de première importance, a toujours été déterminée par la volonté d’innover, et ce en toutes occasions. Il n’a jamais voulu produire de comédie bourgeoise, mais plutôt accéder aux grands thèmes théâtraux de la tragédie : l’amour, la mort, le passage du temps, l’oppression et la rébellion, la force du destin. Zoom sur les dernières œuvres dramaturges créées par l’auteur avant sa mise à mort par les milices franquistes, en 1938.
Garcia Lorca et l’expérience new-yorkaise
La dramaturgie tardive de Garcia Lorca est indissociable de ses années à New York, où il a vu beaucoup de pièces résolument avant-gardistes à la fin des années 1920, alors qu’il étudiait à l’université Columbia.
C’est sur la base de pièces passées comme « Les totires de Cachiporra » (1921) et de son expérience new-yorkaise que se construira la farce crue et violente de « La zapatera prodigiosa » (1923-1930 et 1933). Dans cette pièce, la connaissance des poupées est projetée sur les personnages humains pour refléter la puissance du désir et de l’imagination.
On regrettera au passage de ne pouvoir trouver aisément ces pièces traduites en français, aussi faudra-t-il passer par la lecture des œuvres originales. Pour vous aider dans l’apprentissage et la compréhension de l’espagnol, vous pouvez vous appuyer sur un site comme https://www.hoy-espagnol.com
Toujours avec le modèle séculaire du mariage inégal entre le vieillard et la jeune fille, Amor de don Perlimplín con Belisa en su jardín (écrit de 1922 à 1926, mais créé seulement 1933) est un chef-d’œuvre qui s’éloigne de la farce et culmine dans la tragédie, mélange du lyrique et du grotesque.
Il tirera aussi de son expérience américaine un recueil de poèmes sobrement intitulé « Un poète à New York ». Il dédiera cette œuvre à ses amis américains, avant de retourner en Europe.
Derniers années et succès public
Ce retour en Espagne coïncidera aussi avec le premier triomphe public et critique de l’auteur avec la première de « Bodas de sangre » (1933), le premier battement d’une trilogie théâtrale suivie par « Yerma » puis par « La Casa de Bernarda Alba ».
Bodas de sangre, en français Les noces de sang, est une tragédie où le destin domine la volonté des personnages. L’action se concentre sur les cérémonies du mariage et de la mort – Yerma, la pièce suivante, se concentrera sur la tragédie de la femme stérile et sur l’injustice de la nature.
Finalement, en 1935, après le succès recueilli avec ses pièces tragiques, Garcia Lorca reviendra un temps – et c’est étonnant – vers la comédie, avec « Doña Rosita la soltera ». L’humour est présent, mais sous sa forme la plus grinçante et, au fil des actes, la tonalité de la pièce s’échappe de plus en plus vers une méditation amère sur le désir inassouvi.
Enfin, la pièce La maison de Bernarda Alba sera achevée en juin 1936. Sous-titrée « Drama de mujeres en los pueblos de España », cette pièce est un retour au tragique et à ses thématiques originelles : la fatalité, le deuil, la nature. La maison qui donne son nom à la pièce est le lieu de la rébellion face à la loi. C’est cette même révolte qui coûtera la vie à Garcia Lorca en 1938. Il ne verra jamais la première représentation de cette pièce qui n’aura lieu qu’à la fin de la seconde guerre mondiale, en 1945.